Pascal Bolo 1er adjoint au Maire de Nantes et quelques autres missions…

24 août 2022

Ma rentrée ou les tweets auxquels vous avez échappé !

Vous l’aurez peut-être observé, mes profils sur les réseaux sociaux que je fréquente et alimente ne recèlent que des éléments liés à mon activité politique et à mes mandats et fonctions électives (trop nombreuses, oui, je sais !). On n’y trouvera ni les photos de mes enfants et petits-enfants (quel bonheur !), ni rien de ma vie personnelle. C’est pourquoi, partant du principe que les vacances lui sont réservées, je n’ai aucune activité numérique pendant mes congés, à de rares exceptions près, comme l’hommage immédiatement rendu au Capitaine Pascal Allaire, sapeur-pompier et chef du Centre d’Incendie et de Secours de Saint-Lyphard, décédé en opération cet été.

Cette diète numérique ne va pas jusqu’à me désintéresser de l’actualité locale et politique ni à résister à la tentation d’une veille discrète, même si j’ai pu lâcher ici ou là un « like », pour Cécile ou Sophie, parce que c’est Cécile et Sophie !

« Nous aussi, ça nous fait des vacances !» disent en écho mes followers Twitter taquins ou amis FB caustiques ! Dont acte !

Cet été a pourtant été riche d’occasions de faire étalage de mon mauvais esprit congénital, auquel rien, et surtout pas une ambition politique, ne saurait me faire renoncer !

Ainsi, j’ai bien cru que LFI allait nous gratifier d’un communiqué dénonçant l’exécution sans jugement par les américains du chef d’Al Qaïda, successeur de Ben Laden. Ils n’ont pas dû oser. C’eût été pourtant assez cohérent avec leurs positionnements habituels, d’autant plus que l’arme utilisée est tout à fait terrifiante et aurait pu alimenter les vieux réflexes anti-américains dont ils sont coutumiers !

J’ai également attendu en vain un rapport d’Amnesty International dénonçant l’infiltration du Djihad Islamique en Palestine au milieu des populations civiles, comme pour l’Ukraine, lorsque les attaques de Tsahal ont tué des dizaines de personnes dont 5 enfants officiellement reconnus par elle comme victimes de ses frappes. Amnesty fait partie de ces organisations non gouvernementales qui ont été largement phagocytées par des militants bien loin de l’esprit des leurs pères fondateurs, hélas… Terrible épisode que celui des attaques d’Israël et des ripostes du Djihad Islamique en Palestine. Encore une fois, on a pu constater que l’antisionisme revendiqué d’une partie de ce qui prétend être de la gauche, est bel et bien un antisémitisme. Convaincu de l’iniquité, de l’illégalité et de l’inefficacité de la politique des gouvernements de droite israéliens, scandalisé par la poursuite des implantations de colonies dans des territoires occupés, attentif aux récits terribles de tous les amis et collègues qui se sont rendus notamment à Gaza, partisan comme tant d’autres d’une solution de paix à deux états sans ignorer les difficultés pour y parvenir, je n’oublie pas pour autant que les djihadistes visés, comme leurs ennemis intimes du Hamas, professent la même idéologie barbare qu’il faut bien nommer comme étant islamiste ou islamo-fasciste, si l’on préfère. Celle qui a tué, massacré, à Charlie Hebdo, un 13 novembre à Paris, un 14 juillet à Nice, le Père Hamel et Samuel Paty. Comment condamner ceux qui s’y attaquent surtout si leur population est à portée de leurs roquettes ?

Dans ce contexte, l’hallucinante proposition de résolution signée de parlementaires « NUPES », assimilant le régime politique Israëlien à celui de l’Afrique du Sud de l’Apartheid, entre autres stupidités, a une fois de plus illustré les terribles ambiguïtés de cette pseudo-gauche avec laquelle, décidément, je ne peux rien avoir affaire, encore moins m’y soumettre. Car oui, cher Jérôme Guedj, c’est bien d’avoir réagi avec fermeté et clarté, mais il aurait fallu réfléchir un peu plus avant de contribuer à créer les conditions de cette soumission honteuse à ces gens. Quelle tristesse de voir le nom de Julie Laernoes dans les signataires de cette saleté…

Sois sage, ô ma colère…

Une colère peut être saine, assurément. Elle ne peut cependant durer qu’un temps, sauf à se muer en ressentiment qui est un enfermement pour celui ou celle qui y succombe. C’est la raison pour laquelle l’expression de ma colère envers Olivier Faure et la direction du Parti Socialiste, qui aurait dû démissionner dix fois si elle avait un soupçon de dignité, trouve sa fin. Encore faut-il qu’on ne la provoque pas trop ! Passons sur le coming out quasi-gauchiste du brave Olivier qu’on a envie de plaindre pour avoir enduré tant d’années le joug et la férule de cet abominable social-traitre de Jean-Marc AYRAULT et du répugnant social-libéral qu’est François HOLLANDE. Que de souffrances dissimulées, supportées stoïquement, sans jamais songer à se démettre des postes auxquels ils l’avaient nommé ! Et quelle libération que cette reconnaissance de Mélenchon et ses disciples comme nouveaux guides de la gauche ! Faut-il pleurer, faut-il en rire ?

Mais s’agissant de mon ami Christophe Clergeau, c’est vraiment l’affection sincère que j’ai pour sa personne qui me fait mettre tellement en colère quand il ose twitter sur la rentrée politique d’une gauche diverse, « comme l’Europe en fait », tout réjoui de sa trouvaille. Comme j’étais encore en vacances, je me suis retenu de lui répondre combien je regrettais que le foutage de gueule ne soit pas discipline olympique, car il aurait une bonne chance de médaille à Paris en 2024 !

Le prix à payer…

Une jeune socialiste m’a fait valoir aujourd’hui que l’accord NUPES avait un effet positif pour le P.S : des jeunes se tourneraient vers lui (comme ces soutiens de Christiane TAUBIRA dans sa vraie fausse tentative présidentielle) au double motif de son nouvel ancrage à gauche, mais sans les outrances mélenchonesques, ce qui lui donnerait un avantage de crédibilité, au moins apparent, apprécié de ces nouveaux Camarades.

Que cet accord ait ravi un grand nombre de gens, c’est un fait ! L’aspiration unitaire trouvait ainsi sa tardive mais – de leur point de vue – heureuse satisfaction. Que cela semble donner au P.S une nouvelle virginité « à gauche » propre à séduire le chaland politique, c’est tellement vrai que la direction n’a pas craint de lancer une campagne d’adhésion surfant sur cette vague(lette).

Ma conviction est que c’est au prix de mensonges dont le prix sera infiniment plus lourd à assumer que l’absence d’un groupe parlementaire. Mensonges sur le positionnement idéologique qui a de quoi faire se retourner Jaurès 10 fois dans sa tombe. C’est la revanche de Guesde qui nous est servie et les photos assez grotesques des dirigeants nupesques devant le buste du grand homme n’y changeront rien ! Mensonge sur les programmes : on peut discuter d’un trop grand alignement de la social-démocratie européenne sur le libéralisme et le libre-échangisme dominants depuis la chute du mur de Berlin et l’acte de décès des économies administrées, on ne peut pas faire comme si une politique ignorant toute contrainte gestionnaire pourrait mener autre part que dans le mur : une bonne gestion est, au niveau local comme au niveau national, la meilleure garantie de pérennisation et de développement de notre modèle de protection sociale, s’appuyant sur un service public fort, et pionnier dans la lutte contre le réchauffement climatique ! Cela ne doit brider aucune ambition : ça évite juste de faire n’importe quoi et de générer plus de déceptions et de rancœurs que d’adhésion. On a déjà donné en 1983, non ? Mensonge enfin sur les valeurs, les épisodes décrits plus haut auxquels on ajoutera les déclarations de Mélenchon sur Taïwan sont révélateurs d’un positionnement sur les valeurs républicaines et démocratiques qui, quelques soient les arguties tirées de telle ou telle virgule de l’accord, qui aurait dû interdire un rapprochement de cette nature et à ce degré. Et je n’oublie pas les ambiguïtés sur la laïcité…

Aller ou pas à Blois ?

Je ne serai pas plus à Blois le week-end prochain que je n’allais à La Rochelle autrefois (cliquez pour retrouver mon post de 2009 !). Nul doute que certains ateliers ou conférence soient d’un grand intérêt, ma copine Catherine PIAU, fidèle participante me les a souvent vantés. Mais le cirque politicien pré-congrès qui y sera mis en scène me fait préférer les Rendez-vous de l’Erdre depuis toujours ! Et puis, pour permettre à l’ami Bassem de s’y rendre, c’est moi qui assurerai les mariages en mairie de Chantenay samedi matin ! Si ça n’est pas de l’abnégation 😉 !

J’aborde ce congrès du P.S dans une grande perplexité. C’est plutôt dans la minorité sortante que je me retrouve, partageant la plupart de ses analyses et notamment sur la stratégie NUPES et sur les valeurs républicaines. Pour autant, je vois bien qu’une incarnation de cette ligne par Stéphane Le Foll ou Jean-Christophe Cambadélis serait un véritable repoussoir : la politique, ce sont des valeurs et des orientations, mais aussi des pratiques et des comportements politiques. Les leurs sont d’une autre époque.

Je ne voudrais pas que la simple évocation du « retour des éléphants » soit une facilité permettant à la direction sortante d’éviter le débat de fond qui doit s’engager et de faire oublier que, contrairement aux pachydermes honnis (dont on oublie toujours de mentionner les qualités exceptionnelles d’endurance et de fidélité), elle n’a jamais gagné la moindre élection.

8 mai 2017

Et maintenant, que faire (ou ne pas faire) ? (I)

19+6 = 25 ?

J’ai une admiration profonde pour Philippe Torreton. Surtout depuis le souvenir d’un meeting à Nantes en 2005 lors de la campagne pour le OUI au référendum sur le Traité Constitutionnel Européen. Quelle présence, quel talent, quel discours ! J’ai retrouvé ce talent dans le texte qu’il a publié dans L’Obs dans l’entre deux tours et qui converge avec des commentaires ou regrets que j’entends depuis le 23 avril : s’il y avait eu accord entre Hamon et Mélenchon, la gauche aurait été au deuxième tour. Cela rejoint l’encouragement qui nous était fait à soutenir Hamon lors de la primaire de la BAP, au motif qu’il serait le mieux armé pour obtenir une candidature unique de la gauche et des écolos. On sait ce qu’il en advint… Et voilà que des collègues, pour qui j’éprouve respect et amitié pour la plupart, nous lance un appel local allant dans le même sens pour les législatives dans le département.

Ce qui me surprenait dans le texte de Torreton, c’est qu’il donnait lui-même à voir, dans sa critique des atermoiements de la « France Insoumise » et de Mélenchon pour appeler (à tout le moins) à faire barrage à l’extrême-droite, une raison essentielle pour laquelle additionner les voix d’Hamon et de Mélenchon et en déduire une probable présence au second tour, était une vue de l’esprit, un fantasme politique ou un mirage électoral au mieux, une tromperie au pire.

Dessin de X. Gorce 8-05-2017 www.lemonde.fr

Mélenchon et une partie de ses troupes militantes haïssent la gauche de gouvernement bien plus sûrement que la droite et l’extrême-droite. Il a suffit d’entendre l’entame d’intervention haineuse de Mélenchon dimanche soir pour s’en convaincre. Ou, avant le second tour, d’écouter sur France Inter un militant mélenchoniste envisager tranquillement de voter blanc ou de s’abstenir, jugeant que la probabilité d’une victoire de Le Pen était suffisamment faible pour qu’il ne s’abaisse pas à participer à sa défaite. Plutôt risquer les fascistes que de voter pour l’abominable social-libéral ! Position à la fois lâche et irresponsable. Espérer un accord avec Mélenchon et plus encore qu’il soit suivi par cette partie radicalisée de son électorat était donc une chimère. A courir derrière, Benoît a perdu sur tous les fronts. C’est le même écueil qui guette à l’évidence la tentative de nos camarades locaux, si elle prospérait. Cette stratégie erronée a pris une gifle, pourquoi tendre l’autre joue ? L’impossibilité dans laquelle ils se trouvent de faire renoncer les candidats aux législatives de la « France Insoumise », ajoutée à la dynamique évidente dont vont bénéficier les candidats désormais estampillés « La République en marche » condamne leur tentative à l’échec. (more…)

20 février 2017

Macron-Hamon : pile et face ?

Il m’est venu une drôle idée… Et si le Revenu Universel de Benoît Hamon et l’Uberisation incarnée par Emmanuel Macron n’étaient que les deux faces de la même pièce ? Je m’explique.

Dessin de Xavier Gorce www.lemonde.fr 14-02-2017

J’ai entendu ma collègue Christine Meyer, prof’ de philo aux repères républicains ancrés dans quelques décamètres de fondations en béton, expliquer, références à l’appui, que le Revenu Universel était peut-être d’inspiration libertaire mais sûrement pas de gauche.

J’ai entendu une autre fois un spécialiste de l’entreprise, indubitablement homme de gauche, me susurrer que nous devrions peut-être bien réfléchir à la fin du salariat.

Je tire de ces deux conversations que le P.S est décidément responsable et coupable d’un manque de travail théorique rédhibitoire pour offrir une perspective collective aux masses laborieuses (ou qui voudraient bien l’être ou le redevenir).

En tous cas, la convergence entre les deux démarches me saute aux yeux.

Que dit mon candidat Benoît que j’ai ? Que la révolution numérique va détruire tellement d’emplois qu’il faut envisager la fin du travail comme modèle dominant et remplacer des allocations sous conditions de ressources financées par des cotisations ou par l’impôt, par un Revenu Universel financé par l’impôt.

Que dit Emmanuel Macron ? Que les systèmes paritaires ont vécu, que le financement de la protection sociale par des cotisations assises sur les salaires a vécu, que le RSI doit être supprimé, et qu’un régime universel de sécurité sociale financé et géré par l’état doit remplacer le système actuel.

Je n’ai pas encore détaillé le programme fiscal de Macron mais je ne doute pas qu’il sera d’accord avec Hamon (et avec moi !) pour décréter, corollaire du prélèvement à la source, l’individualisation de l’impôt sur le revenu, la fin du quotient familial, et la fusion IR-CSG avec un crédit d’impôt par enfant à charge. Observons avec Jean-Marc Ayrault qui s’y est abîmé la dentition que la condition de la constitutionnalité de cette fusion est liée à la perte officielle et définitive du statut de cotisation de la CSG.  Il lui interdit en effet aujourd’hui d’être progressive et non plus proportionnelle. Je sais, c’est technique, mais essentiel. Le Conseil constitutionnel a toujours considéré que l’impôt pouvait être progressif pour être redistributif (on paye proportionnellement plus si on gagne plus pour réduire les inégalités) dans la limite d’un caractère confiscatoire. Il a maintes fois affirmé que ce n’était pas le cas pour les cotisations sociales : on paye proportionnellement autant quel que soit son niveau de revenu pour bénéficier des mêmes droits et prestations. Seul un plafonnement est paradoxalement admis (toujours l’angoisse de la confiscation).

Or, la C.S.G, qui a toute les caractéristiques d’un impôt sur le revenu, a encore un statut (et un nom) officiel de cotisation, concession historique aux pourfendeurs d’une « nationalisation de la sécu », Force Ouvrière en tête.

Voilà donc que la proposition fiscale d’Hamon se trouve être parfaitement adaptée à la proposition sociale de Macron, elle même parfaitement adaptée au fameux Revenu Universel… (more…)

De la démocratie et de son respect…

1. La primaire de la gauche a donné un résultat dont personne ne conteste les effets : Benoît Hamon est mon candidat comme il est le candidat de toutes celles et tous ceux qui ont participé à ce processus. J’ai présidé un bureau de vote, ça vaut participation, non ? François de Rugy s’est présenté, lui, mais il semble hésiter sur les conclusions à en tirer. Il faut dire qu’il était venu là par conviction unitaire (j’en témoigne), et par intérêt personnel (j’en témoigne aussi). Sur l’unité, il est pris à contre-pied puisque ses anciens copains d’EELV qui maudissaient les Socialistes, trouvent que Hamon est finalement fréquentable, surtout quand Jadot ne réussit pas à avoir ses 500 signatures, effets co-latéral de la stratégie d’isolement plébiscitée par les militants écolos. Ça va être chaud sur la 1ère circo de Loire-Atlantique, je vous le dis ! Mais j’y reviendrai une autre fois…

Dessin de FRAP
http://frap-dessins.blogspot.fr/

Mais, normalement, se présenter à un processus électoral vaut acceptation de son résultat. François a même dû signer un papelard dans ce sens. Certes, on peut comprendre que voir Hamon causer d’abord écologie (et circonscriptions…) avec Jadot et pas avec lui qui a pourtant réuni presque 4 fois plus de suffrages que le putatif candidat EELV, il y a de quoi se sentir libéré de sa parole. Or, François, et c’était écrit dès le soir du 29 janvier, semble plus près de rallier Macron que de distribuer les tracts de Benoît.

Donc, de mon modeste point de vue de président de bureau de vote, je suis sommé, statuts du Parti brandis, de respecter le résultat d’une primaire sur lequel s’apprête à s’assoir un de ses participants. Sans doute trouve-t-il qu’un pourcentage de participation de 4,48 %, ce qui fait 1181000 voix pour le vainqueur, ce n’est pas assez. Mais c’est trop pour l’ignorer, non ?

2. Il y a quelques mois, une consultation d’un nouveau genre était organisée à la demande du Président de la République pour demander aux gens principalement concernés s’ils approuvaient le transfert de l’aéroport de Nantes. Avec 550 000 votants sur 975 000 inscrits, soit une participation unanimement considérée comme forte à 55 %, le résultat de cette consultation a été reconnu (même avec atermoiements et intensité divers) par François de Rugy, par Emmanuel Macron, mais pas par Benoît Hamon ! Moi qui suis socialiste encarté depuis plus de 30 ans, Président d’un bureau de vote de la primaire (on le saura!), fortement engagé dans la campagne du OUI à la consultation sur l’A.G.O conformément à une majorité écrasante de son parti, je choisis comment entre une consultation à 4,48 %, et une autre à 55 % , aucune des deux n’ayant de conséquence légale ? Quelqu’un a de l’aspirine ? (more…)

9 novembre 2016

Non à l’accompagnement et oui à la rupture !

Par un délicieux lapsus par omission, l’inénarrable Benoît H. (ce blog ne se résout pas à nommer complètement les renégats), le même à qui une bonne âme avait du expliquer ce qu’est l’économie sociale et solidaire à sa première nomination gouvernementale à ce portefeuille, celui qui n’a guère connu d’autre univers que l’appareil du Parti Socialiste où il a successivement trahi un paquet de gens, vient d’appeler implicitement les Français de droite, puis les autres, à réinstaller Nicolas Sarkozy à l’Elysée.

Égrenant sur France-Inter la liste des représentants du « système » destinés à connaître face à la fille Le Pen le sort d’Hillary Clinton face à Donald Trump, il a pris soin de n’oublier ni François Hollande ni Emmanuel M., ni bien sûr Juppé, mais a omis de citer Sarkozy, ainsi promu – il le dit d’ailleurs lui-même à peine en creux – meilleur rempart contre l’extrême-droite ! Relevant cet oubli fâcheux, le facétieux journaliste condamna notre malheureux camarade à ramer sérieusement le reste de l’interview.

Je ne peux évidemment soupçonner ce pauvre Benoît de souhaiter une telle issue pour mai 2017. Mais sa tentative de démonstration démarrant en belle envolée et s’achevant prématurément en atterrissage forcé, n’est pas sans devoir interpeller femmes et hommes de gauche.

Il est inévitable que l’élection américaine inspire des parallèles avec notre propre élection à venir. Les défis sont largement comparables, les comportements sociopolitiques en rapport aisé à établir, et notre propension à imiter les tendances made in USA avérée.

Dessin de Xavier Gorce www.lemonde.fr 15-09-2016

Dessin de Xavier Gorce www.lemonde.fr 15-09-2016

Bernie Sanders aurait-il pu battre Trump ? Mélenchon et ses semblables de l’intérieur du P.S se sont hâtés de l’affirmer. L’avantage de ce type d’affirmation c’est qu’elle sera pour toujours invérifiable. C’est aussi sa faiblesse. Il est vrai que Sanders n’aurait pas eu le lourd handicap qu’à constitué pour Hillary sa longévité politique familiale avec toutes les casseroles réelles ou supposées qu’elle a du traîner, en plus du peu de sympathie qu’elle a naturellement inspiré aux électeurs de son propre camp. Pour le reste, l’affirmation paraît bien hasardeuse : comment réunir une majorité dans tous le pays quand on n’est pas en mesure de rassembler une majorité de son propre camp lors d’une primaire ? L’offre politique de Sanders s’est révélée ainsi incapable de dépasser une capacité de nuisance incontestable, tant il est vrai que la mobilisation électorale de la classe moyenne blanche américaine, déclassée ou en angoisse de l’être pour sa partie inférieure, ou juste peu encline au partage pour sa partie prospère (l’Iowa…), a été très supérieure à celle des minorités et des jeunes Démocrates qui soutenaient Sanders face à Clinton lors de la primaire.

Il faudrait donc être anti-système, anti-élites, anti-sachants, anti-intellectuels, anti-libre-échange, anti-mondialisation, pro-déficits et pro-dette publics pour gagner une élection aujourd’hui, qu’on soit de droite ou de gauche.

Il faudrait donc, si on suit Benoît, Jean-Luc, ou dans un autre style le très auto-satisfait Arnaud M., se conformer à ce nouveau « main stream » populiste à l’œuvre dans tout le monde occidental et même au-delà, pour avoir une chance…d’échapper à sa version trumpienne ou lepéniste, voire de battre la droite habituelle.

Nombre de commentateurs américains, l’écrivain Douglas Kennedy par exemple, entendus sur nos ondes nationales, relevaient que l’inculture largement partagée était parmi les fondamentaux de la victoire de Trump et en appelait à l’éducation pour éviter de telles catastrophes. La corrélation établie entre faible niveau de formation et vote d’extrême droite en France ne dément pas cette affirmation.

Les contre-vérités, voire même les énormités proférées par les populistes de tous les pays unis dans le mensonge se répandent d’autant mieux qu’elles peuvent correspondre au vécu ou ressenti de tel ou tel sur le terreau d’inculture décrit. Les peuples lassés des promesses non-tenues et des espoirs déçus se tournent vers le Père Noël ou plutôt vers le Père Fouettard, la tentation autoritaire accompagnant la croyance déraisonnable dans des solutions simples à des questions compliquées, à moins que ce ne soit le désir nihiliste de renverser la table. Après le Brexit, il y a quoi, rappelait Jean-Marc Ayrault ? Le vide.

Ce que je suis bien obligé de constater, c’est que ce sont toujours la droite et l’extrême-droite qui capitalisent électoralement sur ces ambiances ou l’irrationnel l’emporte sur les faits les mieux établis. Doit-on considérer le Vénézuela, le Nicaragua ou même le Brésil de Lula et Dilma comme des contre-exemples à suivre ? Pas bien convaincant, ni comparable d’ailleurs…

Je crois donc qu’il faut que la gauche cesse de jouer ce jeu qui ne lui ressemble pas, et qu’elle sache rompre avec la tentation de l’accompagnement de la formidable régression incarnée aujourd’hui par l’élection de Trump aux USA. Nous n’y avons pas suffisamment prêté attention mais il n’y a pas plus grand adversaire du TAFTA que le nouveau Président américain. TRUMP et ATTAC même combat ? Cette convergence interroge…

La tentation du repli sur le pré-carré national, la proclamation d’une réorientation française d’une Union Européenne vouée aux gémonies libre-échangistes (où nous referions l’Europe tout seuls, car nous sommes quand même plus intelligents que tous les autres), avec des propositions vieilles lunes visant à retrouver un âge d’or largement fantasmé, participent de cette régression à laquelle nous sommes invités.

« Le courage, c’est de chercher la vérité, et de la dire. » disait je crois Jean Jaurès. La vérité c’est que le protectionnisme est infiniment plus dangereux pour les peuples que le libre-échange même mal et insuffisamment régulé. Et pourtant les peuples sont visiblement prêts à croire le contraire, ou à le laisser accroire par leur vote. La vérité est que les économies « développées » ont et auront besoin de main d’œuvre immigrée ce qui n’empêche par les vieilles peurs de se réveiller, feu couvant raciste et xénophobe attisé par la menace terroriste.

Je ne veux pas d’une gauche qui accompagnerait ces mouvements régressifs, à proprement parler réactionnaires, fussent-ils apparemment populaires. D’abord parce que je les crois contraire à l’intérêt du Pays et particulièrement de ceux que je défends d’abord en tant qu’homme de gauche : les classes moyennes et populaires. Ensuite parce qu’il ne correspondent pas à la proclamation de Jaurès que je partage plus que jamais. Enfin, parce que leur inefficacité électorale est démontrée, aux États-Unis comme ailleurs.

J’en appelle donc à la rupture avec la tentation populiste. Cela n’enlève rien à l’examen lucide des responsabilités des « élites » souvent auto-proclamées dans le rejet dont elle font l’objet. Cela n’exonère en rien la social-démocratie européenne de son devoir de réinvention pour retrouver une capacité de projection collective dans l’avenir, mobilisatrice pour les peuples d’Europe, dans la mondialisation. Cela, surtout, n’affaiblit pas d’un iota la vigueur de notre condamnation de l’ultra-libéralisme qui nous a conduit là où nous sommes, et dont je persiste à dire que le quinquennat Hollande nous aura protégé des plus graves de ses dégats.

Il est plus que temps de se mettre au travail.

10 mars 2011

Le talent au service d’ un vrai contenu politique

Filed under: Aimons les socialistes !,Coups de coeur — Étiquettes : , , , , , — pascal @ 23 h 25 min

C’est François Hollande, comme je le trouve vraiment exceptionnel de talent et de pertinence, dans un registre auquel on ne doit pas le réduire mais où il excelle.