Pascal Bolo 1er adjoint au Maire de Nantes et quelques autres missions…

21 avril 2017

Fin de campagne

C’était il y a 15 ans aujourd’hui. L’impensable se produisait. Par le croisement de courbes que le simple rappel des marges d’erreur des sondages auraient du révéler comme possible, si on avait su mieux les lire. « Comme un coup de tonnerre » dira Lionel Jospin. devant des millions de gens en pleurs ou pas loin.

Je crois que c’est depuis cette date que je me bats pour que chaque scrutin soit utilisé « conformément à son objet » dans le cadre des institutions en vigueur et non d’autres que je pourrais souhaiter. Donc, à toutes celles et tous ceux qui, lors de mes permanences ou dans la rue, m’ont fait part de leur perplexité et sont parfois allés jusqu’à me demander une recommandation de vote, je veux d’abord dire de ne pas se tromper d’élection. Il s’agit de choisir un président ou une présidente de la Vème république française. Rien d’autre. Mais rien de moins.

Le premier tour, ce dimanche, servira à dire qui sera au second, en finale… Donc il faut aller voter. Même si vous en avez marre. Vous pensez que cela ne changera rien à votre existence, à vos difficultés ? Aucun candidat ne trouve grâce à vos yeux ? Comment ne pas vous comprendre ? Vous n’en êtes pas moins titulaire exclusif de cette fraction de millionième de responsabilité de la manière dont la France va être gouvernée pour les 5 prochaines années. Utilisez-là, je vous en conjure !

Nous allons donc collectivement éliminer dimanche neuf candidats et candidates. La règle ne permet à chacun de nous que de sélectionner un bulletin et un seul.

Ce bulletin ne peut pas être celui de la fille Le Pen. Elle et ses sbires ne sont pas des patriotes mais des volontaires pour se coucher devant des puissants genre Poutine ou Bachar El Assad, après Pinochet, Videla ou Sadam Hussein, après Franco ou les généraux putschistes d’Alger, après Hitler ou Mussolini que leurs prédécesseurs ont adorés. C’est terrible les filiations. L’ADN se transmet en politique comme en génétique humaine. Je peux toujours porter une moumoute, je serai chauve dessous comme mes ancêtres… Qui cela pourrait-il tromper ? Quant à son programme, sa mise en œuvre serait évidemment catastrophique. Je peux partager les déceptions ou les dégoûts. Comprendre les colères et l’envie de renverser la table. Soutenir l’aspiration à la tranquillité et à la sûreté, droit républicain fondamental. Mais la division, la fragmentation, l’exclusion, la haine, et donc la violence, ne régleront jamais rien. Ils créeront toujours plus de désordre.

Dessin de Xavier Gorce – www.lemonde.fr – 18-04-2017

Le bulletin ne peut pas être non plus celui du héraut de la France dite insoumise. Je ne le confonds aucunement avec la précédente. Mais ils sont hélas deux points communs : d’abord une tentation autoritaire dans la conduite des affaires publiques comme dans celles des rapports sociaux. Ni avec les mêmes objectifs, ni au profit des mêmes catégories. Mais cette mise en tension ne nous aiderait pas à répondre aux enjeux auxquels nous sommes confrontés. Ensuite, leur rapport à la construction européenne n’est pas le mien, même si c’est, là encore, sur des valeurs bien distinctes. J’avais voté OUI au Traité Constitutionnel Européen en 2005, craignant une panne du projet européen en cas de rejet. Avais-je vraiment tort ? Le Traité de Lisbonne a techniquement repris pour partie ce qui avait été rejeté. Mais la panne de la construction politique et citoyenne, elle est là et toujours là. Le plan B n’existait pas. Il n’y a pas d’avenir pour notre pays et pour notre modèle social hors du projet européen et il n’y a pas de progrès du projet européen possible hors d’une démarche de compromis successifs. Les ultimatums, même français ne mènent à rien. La sortie des traités européens et de l’Euro serait une régression terrible que nous payerions au prix fort. Sans qu’il soit besoin de dire que je ne crois pas une seconde aux programmes d’économie administrée reposant sur un repli protectionniste quels qu’en soient les formes, je vous exhorte à ne pas voter Mélenchon. C’est une tromperie. Un mirage. Ou son hologramme. (more…)

4 mars 2017

Faire vivre le débat démocratique

Bon, ben voilà, c’est fait. J’ai rempli mon parrainage de Conseiller départemental pour Benoît Hamon et, promis, je le posterai !

Je le fais d’abord par cohérence et discipline : élu socialiste, encarté depuis plus de 30 ans, je dois mon parrainage au candidat de mon parti. Point barre.

Ou alors, c’est que je quitte mon parti. Ce qui, selon moi, serait une erreur et une faute.

Une erreur car la ligne politique qui est la mienne est majoritaire au sein du P.S au regard du seul indicateur qui vaille : le dernier congrès. Ceux qui prétendent que la primaire y a changé quelque chose se trompent lourdement : la primaire, ça désigne le-la candidat-e, pas l’orientation du parti. Et quand bien même un candidat minoritaire dans son parti vient à gagner cette primaire, c’est par un collège électoral différent. Le respect du vote militant, c’est une base, que je sache… Si un scrutin ouvert au-delà du parti venait annuler le vote des militants, je garderais ma cotis’, moi !

Et donc, revenons à nos moutons, si les majoritaires quittent le parti, ils le laissent…aux minoritaires, c’est arithmétique !

Pour ma part, j’aime les minoritaires du P.S quand ils le restent. Ils ont, en tant que minoritaires, une fonction, une utilité, un ADN politique. C’est leur vocation : leur pensée politique est conçue pour rester minoritaire. Leurs pratiques politiques et leurs postures sont cohérentes avec elle. Qu’un accident politique ou une désertion massive viennent à les rendre majoritaire, le P.S serait voué lui-même à la minorité, à l’opposition permanente, livrés aux maladies infantiles persistantes de la gauche (cf. de nombreux posts précédents), condamné à laisser la droite gouverner. Donc, pas d’erreur, je reste au P.S ! On ne va pas le laisser entre des mains qu’on ne saurait qualifier de mauvaises, juste d’inadaptées à sa vocation de parti de gouvernement. Le transformer oui, c’est urgent, et en profondeur ; le saborder, non ! (more…)

20 février 2017

De la démocratie et de son respect…

1. La primaire de la gauche a donné un résultat dont personne ne conteste les effets : Benoît Hamon est mon candidat comme il est le candidat de toutes celles et tous ceux qui ont participé à ce processus. J’ai présidé un bureau de vote, ça vaut participation, non ? François de Rugy s’est présenté, lui, mais il semble hésiter sur les conclusions à en tirer. Il faut dire qu’il était venu là par conviction unitaire (j’en témoigne), et par intérêt personnel (j’en témoigne aussi). Sur l’unité, il est pris à contre-pied puisque ses anciens copains d’EELV qui maudissaient les Socialistes, trouvent que Hamon est finalement fréquentable, surtout quand Jadot ne réussit pas à avoir ses 500 signatures, effets co-latéral de la stratégie d’isolement plébiscitée par les militants écolos. Ça va être chaud sur la 1ère circo de Loire-Atlantique, je vous le dis ! Mais j’y reviendrai une autre fois…

Dessin de FRAP
http://frap-dessins.blogspot.fr/

Mais, normalement, se présenter à un processus électoral vaut acceptation de son résultat. François a même dû signer un papelard dans ce sens. Certes, on peut comprendre que voir Hamon causer d’abord écologie (et circonscriptions…) avec Jadot et pas avec lui qui a pourtant réuni presque 4 fois plus de suffrages que le putatif candidat EELV, il y a de quoi se sentir libéré de sa parole. Or, François, et c’était écrit dès le soir du 29 janvier, semble plus près de rallier Macron que de distribuer les tracts de Benoît.

Donc, de mon modeste point de vue de président de bureau de vote, je suis sommé, statuts du Parti brandis, de respecter le résultat d’une primaire sur lequel s’apprête à s’assoir un de ses participants. Sans doute trouve-t-il qu’un pourcentage de participation de 4,48 %, ce qui fait 1181000 voix pour le vainqueur, ce n’est pas assez. Mais c’est trop pour l’ignorer, non ?

2. Il y a quelques mois, une consultation d’un nouveau genre était organisée à la demande du Président de la République pour demander aux gens principalement concernés s’ils approuvaient le transfert de l’aéroport de Nantes. Avec 550 000 votants sur 975 000 inscrits, soit une participation unanimement considérée comme forte à 55 %, le résultat de cette consultation a été reconnu (même avec atermoiements et intensité divers) par François de Rugy, par Emmanuel Macron, mais pas par Benoît Hamon ! Moi qui suis socialiste encarté depuis plus de 30 ans, Président d’un bureau de vote de la primaire (on le saura!), fortement engagé dans la campagne du OUI à la consultation sur l’A.G.O conformément à une majorité écrasante de son parti, je choisis comment entre une consultation à 4,48 %, et une autre à 55 % , aucune des deux n’ayant de conséquence légale ? Quelqu’un a de l’aspirine ? (more…)

30 janvier 2017

Étonnez-moi, Benoît !

Pour un plantage, c’est un beau plantage ! Le gus à qui je recommandais de se retirer de la primaire parce qu’il n’y ferait que de la figuration… Eh bien il a gagné ! Et largement avec ça ! Bref, après Trump, le Brexit, Fillon à droite et quelques autres trucs impossibles, voilà que Benoît Hamon est mon candidat ! Certes, je n’ai pas été le seul à ne pas le voir venir, y compris dans ses soutiens, mais quand même, ça questionne.

La vérité sortant de la bouche des enfants, c’est chez Patrick Mareschal, éternel adolescent politique, que j’ai trouvé la réponse la plus convaincante à mes questions. Que nous a dit notre premier président de gauche du Département pour expliquer son soutien à Benoît Hamon ? Que la présidentielle était déjà perdue.

Là, ça me parle. Pour moi qui rappelle obstinément qu’une élection est une compétition qu’on perd ou qu’on gagne, voilà un terrain de compréhension mutuelle !

Les électeurs de gauche auraient donc tellement intégré la défaite qu’ils auraient désigné, non un champion en mesure de la gagner (ou alors sur un concours de circonstances) mais un leader d’opposition porteur des idéaux auxquels ils ont envie de croire. Et tant pis si c’est déraisonnable. Depuis quand être de gauche serait être raisonnable ?

Dessin de Xavier Gorce - lemonde.fr - 25-1-2017

Dessin de Xavier Gorce – lemonde.fr – 25-1-2017

Très clairement, on a là le fruit du travail insuffisant (litote) du Parti Socialiste durant les quinquennats Chirac et Sarkozy. Il fallait refonder la social-démocratie européenne, et on a fait le congrès de Reims. Je l’ai déjà écrit, Hamon a eu le mérite d’animer la campagne autour d’idées nouvelles ( pas tant que ça d’ailleurs mais c’est apparu comme tel), avec une vraie cohérence et un vrai peps. Valls a fait une mauvaise campagne sur une ligne de pure posture d’autorité, sans proposition novatrice, ni même de réelle défense du bilan du quinquennat, encore moins de réponses de fond aux vraies questions posées par les propositions de Hamon. Empêcher Hollande, ce n’était pas suffisant Manuel… Au moins Benoît a-t-il eu un peu de temps entre son dernier coutelas planté dans le dos d’un pote et sa candidature…

Bref ! Les électeurs ont toujours raison et ceux qui pensent que la droite n’a pas encore gagné la Présidentielle ont apparemment une solution alternative à Manuel Valls (suivez mon regard…) puisqu’ils n’ont pas daigné venir le soutenir !

Je suis assez étonné (pas tant que ça en fait…) des comportements électoraux de nos concitoyen-ne-s et de leurs mouvements d’opinion. De droite, ils plébiscitent le type qui promet le plus de suppression de postes de fonctionnaire, au-delà même de toute possibilité matérielle. Qu’il gagne, ils lui reprocheront amèrement de ne pas tenir ses engagements. De gauche, ils se partagent entre une aventure personnelle mal identifiable, au contenu flou et aux valeurs incertaines (Macron) et ceux qui croient à une mesure emblématique tellement inenvisageable qu’ils n’imaginent pas un instant qu’elle puisse conduire son héraut à la victoire, lui même ayant avoué qu’il n’imaginait pas la mettre en œuvre avant les calendes grecques. Dans les deux cas, celui qui gagnerait (pas de risque s’ils sont effectivement tous les deux sur la ligne de départ !) serait bien embarrassé ! En résumé, pour gagner l’élection, il faut faire des promesses intenables quitte à ce qu’on le sache avant ! Et, évidemment, on ne peut pas être réélu ! (more…)

2 décembre 2016

Pas plus avancés…

De quel problème le renoncement de François Hollande est-il la solution ? De son problème à lui : ne pas risquer une humiliation annoncée à une primaire d’abord ou, si cette étape était franchie malgré tout, à l’élection présidentielle ensuite. Notre problème à nous reste entier : nous en avons plusieurs en trop. Un paquet, même… Et son renoncement n’en résout aucun.

Parfait dessin-édito de FRAP du 2-12-2016 http://frap-dessins.blogspot.fr/

Parfait dessin-édito de FRAP du 2-12-2016
http://frap-dessins.blogspot.fr/

J’avais usé de mon droit de garder le silence après la parution de ce bouquin catastrophe, sorte de suicide politique (au moins n’a-t-il agressé personne sexuellement…), symptôme ultime du syndrome Hollande parfaitement décrit par Stéphane Rozès et que j’avais relevé dans un précédent billet : un refus obstiné de prendre en compte la dimension symbolique de la fonction présidentielle, cette relation si particulière qui lie le chef de l’État à ses concitoyens en France et qui échappe aux logiques économiques et sociales. C’est cela, bien plus qu’un bilan très honorable, qui aura contraint mon favori à renoncer. Je ne reviens pas sur la manière dont il a puissamment été aidé par les uns ou les autres dans une stratégie d’empêchement finalement efficace. Le devoir de se représenter dont je le chargeais s’est mué en devoir de ne pas ajouter à la dispersion de la gauche, dès lors qu’il n’était plus en mesure de la rassembler. Quel dommage d’avoir accepté de jouer le jeu de la primaire contre toute logique institutionnelle et de se trouver coincé par cet engagement hâtif !

Mais tristesse et regrets n’y changeront rien : même dans un monde politique sans repère ni lisibilité, ce qui permet d’échafauder les scenarii les plus tordus avec une chance qu’ils se réalisent, l’élection se fera sans le sortant.

Grâce rendue au panache et au sens de l’intérêt supérieur de la nation de mon Président, je me tourne donc vers les postulants déclarés ou supposés. Puisque sa lucidité est unanimement saluée, qui sera le prochain lucide à considérer que, n’ayant aucune chance d’être élu ni en janvier ni en mai, son devoir est de renoncer, s’attirant ainsi respect et considération mérités. J’ai essayé une fois… Ça marche pas mal ! Je l’ai suggéré à Benoit Hamon (c’est lui qui m’est tombé le premier sous le tweet, ç’aurait pu être dame Lieneman ou sieur Filoche). Qu’avais-je fait là ? Et pourtant, qui peut sérieusement croire, plus que pour Hollande, que Benoit a une chance de faire autre chose que de la figuration à la primaire. Qui peut croire qu’ayant miraculeusement franchi cette étape, il serait élu à l’Elysée ? Eh bien, je me suis fait agonir par ses partisans. La lucidité est visiblement la qualité dont les autres doivent s’armer. Ou alors elle est tellement bien partagée entre tous que plus personne n’en a suffisamment ! Ou les petits calculs, plans foireux tirés sur d’incertaines comètes à plusieurs coups d’avance, histoire de monnayer au mieux son petit pécule électoral, continuent de dominer la réflexion des écuries les plus modestes.

Car les raisons qui me faisaient appeler de mes vœux irréalistes l’impossible candidature de notre Président ( tout le monde l’aime depuis hier soir) sont toujours là. Un camarade de section faisait remarquer que l’espace politique laissé vide par le renoncement hollandien était conséquent : de Macron à Mélenchon. Bien vu ! C’est effectivement François Hollande qui « couvrait » ce large spectre par lui-même ou sa capacité à rassembler. A ceux qui ont efficacement aidé à son empêchement et qui vont concourir dans et hors de la primaire de le remplir. Par un projet, par une incarnation « présidentielle » de ce projet, et par un début de dynamique centripète de rassemblement. J’attends.

Trêve des confiseurs déduite, z’avez 5 semaines !

27 novembre 2016

Étonnantes surprises et constatations banales

Prenez tous les scrutins à deux tours de ces dernières années : le second tour amplifie toujours la dynamique du premier. Ou presque : seules les élections où le Front National est apparu en position de gagner au soir d’un premier tour ont connu ce fameux sursaut appelé de leurs vœux par tous les perdants d’un initial dimanche. Mais jamais au profit de la gauche.

Dessin de Xavier Gorce Le Monde.fr 28-11-2016

Dessin de Xavier Gorce Le Monde.fr 28-11-2016

Il y a pourtant des commentateurs pour être surpris que la participation augmentée du second tour de la primaire de la droite n’a pas rééquilibré le duel Fillon-Juppé, bien au contraire. Qu’importe les fondements de cette quasi-loi, c’est une réalité. Il y a des fondamentaux, en politique. Des constantes. Non que les citoyens n’expriment pas sincèrement des aspirations à changer, à renouveler, pratiques et personnels politiques. Mais au matin du vote, les lois fondamentales reprennent le dessus. Celles qui attestaient de la correspondance entre la personnalité et le programme de Fillon avec les aspirations profondes du peuple de droite (et pas que…) au moment où nous sommes, ont surpris les sondeurs dans leurs prévisions électorales. Pas les analystes des enquêtes qualitatives et des baromètres au long cours, même si les réalités politiques profondes qui étaient sous leurs yeux ont pu leur échapper, l’enquête d’intentions de vote écrasant tout à sa parution. La surprise était inscrite dans des données parfaitement disponibles : honneur aux rares qui ont su les lire à Washington comme à Paris. Car le phénomène est observable dans toutes les démocraties.

Ces fondamentaux, je me permets d’en rappeler quelques uns, concernant la présidentielle vue de la gauche. J’en tire la conclusion que le Président sortant est au point d’équilibre de toute la gauche, et qu’il y est seul. Que sa légitimité ballotée et contestée reste la plus forte, et que l’interaction, l’alchimie entre système de partis, institutions et contexte politique, font de sa candidature une occurrence souhaitable si on souhaite la victoire de la gauche.

On m’en déduit autiste, désemparé, sourd aux colères populaires, aveugle aux insatisfactions de tous ordres et à un bilan qui serait détestable. On me présume idolâtre, agent obstiné d’un champion en perdition. Je reconnais que je porte la fidélité et la loyauté au plus haut dans ma conception de l’action politique et que je préfère perdre avec mes convictions qu’en tentant d’épouser l’air du temps. A chacun, l’âge venu, la découverte ou l’ignorance…

François Hollande prendra peut-être la volée qui lui est promise. Ou pas. Je reste convaincu qu’il reste le candidat de la gauche le mieux placé (ou le moins mal, et alors?) pour convaincre une majorité de Françaises et de Français que le progrès reste une belle idée en ce début de siècle « réactionnairisant », que la modernité dans une solidarité préservée est mieux porteuse d’avenir pour tous et chacun que le repli sur les idées d’autrefois : qui peut croire aujourd’hui qu’on réglera les problèmes de notre système éducatif en collant un uniforme aux élèves ou que la nationalisation de telle ou telle partie de notre économie puisse durablement sauver les pans menacés de notre industrie ?

Je ne suis pas un fan, je ne suis supporter que du FCN et je n’ai pas de champion. J’essaie juste d’avoir un raisonnement politique fondé sur plus de lucidité et d’expérience que de passion partisane, d’analyses d’actualité quotidienne, d’emportements et d’entre-soi militant au mieux, microcosmique au pire. Ce qui ressort de la primaire de la droite est loin de me donner tort. Je continuerai donc à dire aux gens de gauche,et notamment aux militants qui s’en sont donnés la responsabilité par leur engagement, que si leur voisin se plaint du gouvernement et du Président, il y a beaucoup plus de chance qu’il vote à droite (ou pire) s’ils l’approuvent que s’ils trouvent, en eux-même bien plus que dans les argumentaires officiels, les voies de la pédagogie d’une action et de la conviction que les choix opérés sont les plus pertinents. Ils sont en tous cas, infiniment plus pertinents que ce que nous propose la double adversité de droite et d’extrême-droite, la politique alternative de gauche restant une chimère économique, sociale et surtout politique. Oui, il y a un camp à choisir et un combat à mener. C’est bien banal, ça…

Primaire ? Quelle primaire ?

Notre Parti Communiste qui se prononce pour le soutien à Mélenchon à 53% des voix le jour de la mort de Fidel Castro. Le XXème siècle politique est bien derrière nous… Et je crains que malgré les efforts de l’ami et camarade Aymeric, le communisme ne soit pas l’idée neuve du XXIème…

C’est aussi le jour où le Parti Radical de Gauche nous annonce l’investiture de Sylvia Pinel sans passer par la case « Primaire de la Belle Alliance Populaire » avec la bénédiction de l’icône Christiane.

Donc, si on résume, toute la gauche affirme la nécessité d’être rassemblée sous peine de disparition dès le premier tour de la Présidentielle. On fait pour cela une primaire qu’on a même inscrite dans les statuts du P.S.

dessin-frap-29-11-2016

Dessin de FRAP http://frap-dessins.blogspot.fr

Mais Mélenchon ne veut point en être excluant de soutenir tout autre vainqueur que lui-même, interdisant même toute velléité au sortant ! Certains qui y sont clament leur exigence d’unité mais sur des bases minoritaires : faire l’unité autour d’un autre axe que le plus central, c’est toujours délicat. « Tu es majoritaire mais tu dois te plier à mes exigences de minoritaire sinon c’est que tu n’es pas pour l’union ». Vous n’y comprenez rien ? Moi non plus ! Je sais juste que la branche du P.S constitué d’anciens de la Ligue plus ou moins bien reconvertis n’a jamais eu d’autre programme que de peser dans l’appareil pour des perspectives bien fumeuses où le sort des masses populaires (à qui on prend soin de ne pas demander leur avis) a somme toute bien peu d’importance.

A l’autre bout d’un spectre incertain (tous ne vivent à l’évidence pas dans le même monde et il est donc hasardeux de les rassembler dans un même diagramme…), Macron et son aventure personnelle. Le sort des plus défavorisés est totalement exclu du champ de ses préoccupations (« Je suis de gauche mais je n’ai RIEN à dire aux laissés pour compte du système »). Il se situe aussi en dehors de la BAP de Camba(délis).

Finalement, ces deux bouts (aurait dit le génial Devos) n’ont en commun qu’une profonde ignorance des réalités des souffrances sociales qui sont soit idéologisées et désincarnées, soit ignorées ce qui revient in fine au même.

Que reste-t-il donc de la primaire de la gauche ? Le respect des statuts du Parti Socialiste, dont le Bureau National est le gardien vigilant. Est-il bien raisonnable de définir à cet aune les conditions de l’avenir de la 6ème puissance économique mondiale, titulaire d’un droit de veto au Conseil de sécurité des Nations Unies et puissance nucléaire reconnue, outre son message universaliste hérité des Lumières ? Poser la question, c’est y répondre. (more…)

9 novembre 2016

Non à l’accompagnement et oui à la rupture !

Par un délicieux lapsus par omission, l’inénarrable Benoît H. (ce blog ne se résout pas à nommer complètement les renégats), le même à qui une bonne âme avait du expliquer ce qu’est l’économie sociale et solidaire à sa première nomination gouvernementale à ce portefeuille, celui qui n’a guère connu d’autre univers que l’appareil du Parti Socialiste où il a successivement trahi un paquet de gens, vient d’appeler implicitement les Français de droite, puis les autres, à réinstaller Nicolas Sarkozy à l’Elysée.

Égrenant sur France-Inter la liste des représentants du « système » destinés à connaître face à la fille Le Pen le sort d’Hillary Clinton face à Donald Trump, il a pris soin de n’oublier ni François Hollande ni Emmanuel M., ni bien sûr Juppé, mais a omis de citer Sarkozy, ainsi promu – il le dit d’ailleurs lui-même à peine en creux – meilleur rempart contre l’extrême-droite ! Relevant cet oubli fâcheux, le facétieux journaliste condamna notre malheureux camarade à ramer sérieusement le reste de l’interview.

Je ne peux évidemment soupçonner ce pauvre Benoît de souhaiter une telle issue pour mai 2017. Mais sa tentative de démonstration démarrant en belle envolée et s’achevant prématurément en atterrissage forcé, n’est pas sans devoir interpeller femmes et hommes de gauche.

Il est inévitable que l’élection américaine inspire des parallèles avec notre propre élection à venir. Les défis sont largement comparables, les comportements sociopolitiques en rapport aisé à établir, et notre propension à imiter les tendances made in USA avérée.

Dessin de Xavier Gorce www.lemonde.fr 15-09-2016

Dessin de Xavier Gorce www.lemonde.fr 15-09-2016

Bernie Sanders aurait-il pu battre Trump ? Mélenchon et ses semblables de l’intérieur du P.S se sont hâtés de l’affirmer. L’avantage de ce type d’affirmation c’est qu’elle sera pour toujours invérifiable. C’est aussi sa faiblesse. Il est vrai que Sanders n’aurait pas eu le lourd handicap qu’à constitué pour Hillary sa longévité politique familiale avec toutes les casseroles réelles ou supposées qu’elle a du traîner, en plus du peu de sympathie qu’elle a naturellement inspiré aux électeurs de son propre camp. Pour le reste, l’affirmation paraît bien hasardeuse : comment réunir une majorité dans tous le pays quand on n’est pas en mesure de rassembler une majorité de son propre camp lors d’une primaire ? L’offre politique de Sanders s’est révélée ainsi incapable de dépasser une capacité de nuisance incontestable, tant il est vrai que la mobilisation électorale de la classe moyenne blanche américaine, déclassée ou en angoisse de l’être pour sa partie inférieure, ou juste peu encline au partage pour sa partie prospère (l’Iowa…), a été très supérieure à celle des minorités et des jeunes Démocrates qui soutenaient Sanders face à Clinton lors de la primaire.

Il faudrait donc être anti-système, anti-élites, anti-sachants, anti-intellectuels, anti-libre-échange, anti-mondialisation, pro-déficits et pro-dette publics pour gagner une élection aujourd’hui, qu’on soit de droite ou de gauche.

Il faudrait donc, si on suit Benoît, Jean-Luc, ou dans un autre style le très auto-satisfait Arnaud M., se conformer à ce nouveau « main stream » populiste à l’œuvre dans tout le monde occidental et même au-delà, pour avoir une chance…d’échapper à sa version trumpienne ou lepéniste, voire de battre la droite habituelle.

Nombre de commentateurs américains, l’écrivain Douglas Kennedy par exemple, entendus sur nos ondes nationales, relevaient que l’inculture largement partagée était parmi les fondamentaux de la victoire de Trump et en appelait à l’éducation pour éviter de telles catastrophes. La corrélation établie entre faible niveau de formation et vote d’extrême droite en France ne dément pas cette affirmation.

Les contre-vérités, voire même les énormités proférées par les populistes de tous les pays unis dans le mensonge se répandent d’autant mieux qu’elles peuvent correspondre au vécu ou ressenti de tel ou tel sur le terreau d’inculture décrit. Les peuples lassés des promesses non-tenues et des espoirs déçus se tournent vers le Père Noël ou plutôt vers le Père Fouettard, la tentation autoritaire accompagnant la croyance déraisonnable dans des solutions simples à des questions compliquées, à moins que ce ne soit le désir nihiliste de renverser la table. Après le Brexit, il y a quoi, rappelait Jean-Marc Ayrault ? Le vide.

Ce que je suis bien obligé de constater, c’est que ce sont toujours la droite et l’extrême-droite qui capitalisent électoralement sur ces ambiances ou l’irrationnel l’emporte sur les faits les mieux établis. Doit-on considérer le Vénézuela, le Nicaragua ou même le Brésil de Lula et Dilma comme des contre-exemples à suivre ? Pas bien convaincant, ni comparable d’ailleurs…

Je crois donc qu’il faut que la gauche cesse de jouer ce jeu qui ne lui ressemble pas, et qu’elle sache rompre avec la tentation de l’accompagnement de la formidable régression incarnée aujourd’hui par l’élection de Trump aux USA. Nous n’y avons pas suffisamment prêté attention mais il n’y a pas plus grand adversaire du TAFTA que le nouveau Président américain. TRUMP et ATTAC même combat ? Cette convergence interroge…

La tentation du repli sur le pré-carré national, la proclamation d’une réorientation française d’une Union Européenne vouée aux gémonies libre-échangistes (où nous referions l’Europe tout seuls, car nous sommes quand même plus intelligents que tous les autres), avec des propositions vieilles lunes visant à retrouver un âge d’or largement fantasmé, participent de cette régression à laquelle nous sommes invités.

« Le courage, c’est de chercher la vérité, et de la dire. » disait je crois Jean Jaurès. La vérité c’est que le protectionnisme est infiniment plus dangereux pour les peuples que le libre-échange même mal et insuffisamment régulé. Et pourtant les peuples sont visiblement prêts à croire le contraire, ou à le laisser accroire par leur vote. La vérité est que les économies « développées » ont et auront besoin de main d’œuvre immigrée ce qui n’empêche par les vieilles peurs de se réveiller, feu couvant raciste et xénophobe attisé par la menace terroriste.

Je ne veux pas d’une gauche qui accompagnerait ces mouvements régressifs, à proprement parler réactionnaires, fussent-ils apparemment populaires. D’abord parce que je les crois contraire à l’intérêt du Pays et particulièrement de ceux que je défends d’abord en tant qu’homme de gauche : les classes moyennes et populaires. Ensuite parce qu’il ne correspondent pas à la proclamation de Jaurès que je partage plus que jamais. Enfin, parce que leur inefficacité électorale est démontrée, aux États-Unis comme ailleurs.

J’en appelle donc à la rupture avec la tentation populiste. Cela n’enlève rien à l’examen lucide des responsabilités des « élites » souvent auto-proclamées dans le rejet dont elle font l’objet. Cela n’exonère en rien la social-démocratie européenne de son devoir de réinvention pour retrouver une capacité de projection collective dans l’avenir, mobilisatrice pour les peuples d’Europe, dans la mondialisation. Cela, surtout, n’affaiblit pas d’un iota la vigueur de notre condamnation de l’ultra-libéralisme qui nous a conduit là où nous sommes, et dont je persiste à dire que le quinquennat Hollande nous aura protégé des plus graves de ses dégats.

Il est plus que temps de se mettre au travail.

14 septembre 2016

Lâche pas l’affaire, Pépère ! (III)

Filed under: Aimons les socialistes ! — Étiquettes : , , — pascal @ 5 h 47 min

Dans cette période troublée, anxiogène, y a-t-il un seul choix ouvert qui nous fasse rêver de lendemains qui chantent, de jours assurément meilleurs, de fleuves de miel ? Trop de nos concitoyens sont prêts à croire à des folies. A qui la faute ? A nous, à eux. Tout le monde a sa part de responsabilité dans le pire. Ceux qui gouvernent d’abord ? D’accord. Ceux qui se mettent soigneusement en situation de n’avoir jamais à gérer, à rester sur l’Aventin du commentateur revendiquant ? Aussi. Ceux qui croient au Père Noël bien après l’âge raisonnable ? Également. Dans une vieille chanson, Henri Tachan proclamait : « C’est p’têt’ de la faute du Public, si on gracie les pousses-au-crime ».

C’est en y pensant que je ne renonce pas à dénoncer l’extrême droite pour ce qu’elle est, et à mettre en garde contre cette tentation mortifère. En ces temps de libération des paroles racistes et xénophobes, l‘argument « moral » n’est pas, n’est plus efficace pour lutter contre le vote F.N. C’est indubitable. Doit-on pour autant renoncer à dire que le F.N est un parti raciste, antisémite, anti-républicain, anti-social, héritier de la collaboration, des pires exactions des guerres coloniales, léchant les bottes et mangeant dans la main decitation-voltairecn2kj65xgaas0cds pires dictateurs comme un toutou docile, et ne se montrant fort et dominateur qu’avec les plus faibles et les plus fragiles ? Que c’est le parti de la lâcheté et non de la Patrie ? Que voter pour ces poltrons soumis aux puissants, c’est se mettre à leur niveau, en dehors même du fait que leurs « idées » économiques nous mèneraient à la faillite en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire ? Dire cela n’empêchera pas des millions de gens de voter pour cette plaie que le pire des politiciens ne supplantera jamais dans l’art morbide du mensonge ? Peut-être. Mais au moins aurons-nous prévenu… Les « élites », les « sachant », la « classe politique » ont à l’évidence une part majeure de responsabilité dans leur rupture avec le plus grand nombre. Cela ne leur donne pas tort sur tout ! Jean-François Kahn a sûrement raison de demander qu’on arrête d’utiliser le terme populiste. Le fait est que cette peste envahit l’espace démocratique dans le monde entier pour faire croire que des solutions simples avec bouc-émissaire peuvent régler des questions compliquées. Pas d’autre choix que de le dénoncer et de continuer à agir pour régler les problèmes. Quoi que le lien entre difficulté sociale et vote populiste ne soit pas si évident…

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13 septembre 2016

Lâche pas l’affaire, Pépère ! (II)

Filed under: Aimons les socialistes ! — Étiquettes : , , , — pascal @ 7 h 45 min

Plus globalement, c’est fou comme nombre de gens « de gauche », en toute sincérité et innocence, se réfèrent aisément aux dogmes et certitudes, sans aucune référence au contexte, et donc sans relativisation !

Prenons l’économie : on est de gauche, donc la politique de l’offre, c’est mal ! La leçon de 1982 n’a pas été apprise, l’exemple de la Grèce analysé à l’envers… Si tu n’avais pas réduit les déficits publics en augmentant les impôts d’abord (ouille !), puis en maîtrisant comme jamais les dépenses publiques (aie !), où en serions-nous ? Ceux qui n’ont que le mot d’austérité à la bouche auraient de vraies raisons de se plaindre ! Les Européens, Allemands en tête, (pas l’Europe, hein ! Les Européens !) ont refusé l’évidence énoncée par Piketty : à une monnaie doit correspondre une dette publique globalisée. La dette grecque (et les autres) pouvait être absorbée dans une dette globale où elle était infinitésimale ou presque. Dès lors, pour nous, le choix était (un peu comme en 82…) entre quitter la zone Euro et retomber dans les dévaluations n’ayant rien de compétitives et une instabilité monétaire épuisante pour l’économie, ou le consentement à une certaine discipline collective au sein d’une zone Euro protectrice pour tous, en essayant d’obtenir des gouvernements de droite européens et de leurs économistes « main stream » un desserrement de l’étreinte orthodoxe. Non sans résultat d’ailleurs : qui oserait qualifier de restrictive la politique monétaire de la BCE ? Donc oui, l’appartenance à l’Euro et sa zone nous protège. Comme tous ses membres bénéficiaires, autant que dépendants d’une économie ouverte ! Aucun des pays qui s’en sortent bien (mieux que nous) hors de la zone Euro n’ont à la fois notre niveau de puissance économique, de protection sociale, et notre place dans les échanges internationaux ! Elle a une histoire, la France ! On ne peut la nier !

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