Hier, un article d’Ouest-France (cliquez ici), du genre qui énerve toutes celles et ceux qui bossent quotidiennement dans nos quartiers populaires en proie aux difficultés qui s’y concentrent, m’a fait réagir illico sur Facebook. Je reproduis ici cette réaction à l’interview de Richard Kara qui a l’air de croire qu’on peut résoudre des problèmes à coup de « y a qu’à, faut qu’on »…
Le fait que ce soit Richard Kara qui porte cette parole n’est évidemment pas anodin. Dommage qu’il répète des contre-vérités manifestes comme le soi-disant « abandon par la municipalité ». Au moment où sont mobilisés des moyens sans précédent dans le cadre du projet global, au regard de la présence importante des services publics municipaux dans le quartier, c’est pour le moins paradoxal. Est-ce que je reproche à Richard d’être moins présent depuis quelques années (TQTM…) ? Il a raison de se réjouir de la libre et forte prise de parole des habitants à l’occasion d’une réunion…organisée et invitée par la municipalité : si on abandonnait le quartier, on ne proposerait pas ce type de rencontres où les critiques fleurissent mieux que les compliments ! Et puis, l’adjoint de quartier que je suis habite à 150m du lieu le plus critique justement décris par Richard Kara. Les rodéos, je connais… Les trafics, c’est sous mon nez… La situation décrite par cet article pour autant est exacte, et la qualification des individus visés compréhensible : on a affaire à de la délinquance organisée, lourde et ancrée. C’est contre cela que deux véhicules de police stationnaient hier soir en lieu et place des guetteurs habituels et que le hall du « 4 Champlain » était occupé par les uniformes et pas par les trafiquants. J’atteste de la mobilisation des services préfectoraux pour ce qui est leur compétence, ce n’est pas se défausser que de le rappeler. Qui songerait à accuser son électricien d’inaction ou d’abandon quand il a un évier qui fuit ? Je revendique la mobilisation des services municipaux et métropolitains, et de ceux de Nantes Métropole Habitat et des autres bailleurs, pour ce qui relève de leurs responsabilités et de leurs moyens. Qui passe route de La Chapelle et au Chêne des Anglais le dimanche soir puis le lundi matin mesure que le nettoyage ne se fait pas tout seul…
La vidéoprotection est un engagement qui sera tenu. Là où ce sera vraiment utile, car c’est loin d’être une panacée. Alors, cher Richard, je partage ton diagnostic comme ton exigence. Mais rabâcher que c’est de la faute à la mairie comme un automate, réveillera les démagogues de tout poil qui seraient bien en peine de faire autre chose que des discours et ajouter de la stigmatisation là où ce n’est franchement pas nécessaire, mais ne fera rien pour résoudre la question. La force de la loi dans notre République appartient aux services de l’état. Nul doute que dans la dernière période, les obligations de l’état d’urgence et de la lutte anti-terroriste ajoutées à la mobilisation contre les casseurs en marge des manifs contre la loi Travail ont pesé sur les capacités d’intervention de la Police dans nos quartiers. Mais jamais je n’accepterai qu’on parle d’abandon ou de renoncement, de leur part comme de la nôtre. Parce que ça n’est juste pas la réalité. Parce que les procédures judiciaires contre les trafiquants donnent des résultats, parce que des quads et des motos sont confisquées, parce que des gens sont interpellés. Le Procureur de la République a été alerté sur la situation particulière de Nantes Nord et nous lui avons demandé vigilance et sévérité dans ses réquisitions. Il reste naturellement maître de l’opportunité et de la forme des poursuites mais là encore, ni déni, ni renoncement. Le Chêne des Anglais n’est pas et ne sera pas abandonné. La situation est difficile personne ne le nie, mais nous ne lâcherons pas !