La situation du FCN ne me laisse pas indifférent. J’ai eu la chance d’être un observateur privilégié des relations parfois compliquées entre la Ville de Nantes et son club phare. Et un acteur occasionnel. Je suis toujours fort assidu à la Beaujoire, un peu moins la dernière saison. Tout ça fait que j’en ai entendu et j’en entends des vertes et des pas mûres ! Il y a les légendes qui ont la vie dure sur le rôle de la ville dans la première vente du club à la SOCPRESSE ; la vie des Saints qui nous est racontée sur le long fleuve tranquille qu’est supposée avoir été la maison jaune avant le péché originel commis par J.L Gripond, le limogeage de Raynald Denoueix ; la sincérité de ceux qui sont tellement attachés à ce club et à l’imaginaire qu’il véhicule encore qu’ils en oublient deux ou trois réalités incontournables ; la tentation de se tourner vers un passé révolu pour (re)construire un avenir. Naturellement, tout cela n’engage que moi ! Cinquième et dernier épisode !
Retrouver les redoublements de passes d’antan, cet art du déplacement, des courses intelligemment coordonnées, symbolisés par le but d’anthologie de Patrice Loko contre le PSG…
Une association est en train de faire un tabac en se donnant cet objectif, qui est d’ailleurs bien dans un air du temps où la nostalgie remplace aisément une vision bien trop incertaine de l’avenir. « A la nantaise » rassemble donc plus d’un millier de personnes autour d’une volonté de renaissance. Ce mouvement qui traduit quelque chose de profondément sincère en dit long sur l’attachement de nombreux Nantais à ce club, à ce qu’il représente, voire incarne. Il est également un symptôme de cet immense malentendu à la base du titre de cette série : le foot est aujourd’hui un spectacle sportif à but lucratif produit par des sociétés commerciales, générant un business direct et indirect considérable, grâce à la passion que ce jeu inspire à des spectateurs et téléspectateurs qui sont à la fois clients desdites sociétés commerciales et animés par des valeurs qui sont aux antipodes de celles de l’argent-roi, mais que le mercantilisme exploite sans vergogne. Ce qui fait qu’à chaque fois que nous nous passionnons sincèrement pour un match, une équipe ou un club, au stade comme devant notre télé, nous entretenons ce que nous affirmons exécrer. C’est ça qui est fou !
Les quelques dizaines de personnes qui crient « Casse-toi Kita » à la Beaujoire comme on psalmodie une invocation rituelle payent à Kita pour le faire. Et lorsque le spectacle offert par une équipe lui vaut les sifflets de ses clients, on peut entendre joueurs ou dirigeants se plaindre de ces mauvais supporters qui ne sont pas derrière leur équipe dans les moments difficiles… Client quand tu achètes mon maillot, supporter lorsque je ne le mérite pas ! (more…)