Pascal Bolo 1er adjoint au Maire de Nantes et quelques autres missions…

14 février 2017

Rogne du matin, chagrin !

Grosse colère matinale contre Cyrille Pitois qui fait mention, dans un portrait de Louisa Battoy en dernière page du Ouest-France de ce matin, de la « maison des jeunes qui a mis la clé sous le paillasson », comme si la ville avait ainsi abandonné les jeunes de Nantes Nord !
J’en ai ras le bol de ces mentions juste fielleuses, sans la moindre vérification, ni mise en perspective !
Rappelons à Cyrille Pitois que la Maison des Jeunes de la Géraudière a été transformée en Maison de l’Emploi il y a plus de dix ans sous le pilotage de Patrick Rimbert. Une enquête réalisée auprès des jeunes du quartier avait mis en évidence qu’ils n’avaient pas d’abord besoin d’un lieu devenu difficilement gérable, approprié par une minorité, refuge d’activités incertaines, mais d’accéder à un emploi, une formation. Une politique publique pour la jeunesse des quartiers, ce n’est heureusement plus, et depuis longtemps déjà, et partout en France, la mise à disposition sans projet ni perspective d’un local-glandouille avec Billard, baby-foot, flipper et consoles vidéo connectées pour faire moderne et la promesse d’aller gratos au ski l’hiver venu !
Je sais que le mythe de la Maison des jeunes coure encore dans le quartier (c’était mieux avant…). Je mesure chaque jour la difficulté des rapports entre les jeunes et les institutions qui ont mission de les accompagner. Mais j’affirme que la Garantie Jeune, l’Ecole de la deuxième chance, la Mission Locale ou l’Eclectic-Leo Lagrange, avec leurs défauts et insuffisances sont infiniment plus utiles à la jeunesse des quartiers prioritaires que des locaux fermés parce qu’ils ne répondaient plus à aucun des objectifs éducatifs ou d’insertion qui leur étaient assignés, et créaient infiniment plus de problèmes qu’ils ne contribuaient à en résoudre.
Il faut être à l’écoute des jeunes, de tous les jeunes. Les plus en rupture avec les institutions ne sont pas forcément les plus nombreux. Les autres, dans les mêmes quartiers, rencontrant les mêmes obstacles, les mêmes discriminations, ne sont pas moins dignes d’attention et ont besoin de l’accompagnement qui leur est proposé. Y compris pour les stages de 3ème pour lesquels un dispositif anti-discrimination très partenarial est activé (Tiens !? Une promesse électorale tenue!). Si la Ville de Nantes et la Politique de la Ville (Etat et Métropole) soutiennent Casse Ta Routine et financent le poste d’adulte-relai, c’est bien pour sa capacité à établir ce lien avec des jeunes en déshérence/désespérance, pour leur permettre y compris d’accéder à leurs droits. Parce qu’ils ont droit à un avenir, parfois à un autre avenir que celui que leur propre comportement dessine. Ce sont des sujets difficiles, compliqués, que des slogans anti-politiques, anti-institutions anti-flics ou anti-jeunes, stigmatisant, discriminant, amalgamant, ne feront jamais qu’aggraver. Alors ce serait bien qu’au détour d’une phrase sortie de nulle part, plus riche de sous-entendu que d’information, la presse locale la plus honorable n’en rajoute pas dans la démagogie populiste ambiante et ses trop nombreuses variantes. J’ai dit !

29 octobre 2016

CETA : quel sujet ?

Filed under: Aimons les socialistes !,Emploi,Politiquement incorrect — Étiquettes : , , , — pascal @ 9 h 28 min

Peu emballé par le CETA, résolument opposé au TAFTA, j’étais un peu dubitatif devant la vague enthousiaste de soutien à M. Paul MAGNETTE, nouveau héraut wallon de la lutte anti-mondialisation, nouvelle incarnation de notre goût pour les petits villages gaulois (les Belges ne sont-ils pas le plus courageux des peuples de la Gaule ?), pour les David contre les Goliath, et pour les empêcheurs de tourner en rond, en général.

L’empressement avec lequel Arnaud M. a épousé sa querelle me rend carrément méfiant tant le talent du gars pour déguiser des vessies en lanterne est avéré…

Une fois de plus, la gauche se perd dans les symboles, se remet à croire aux lignes Maginot, aux remparts de carton-pâte et aux digues en papier mâché. Car enfin, quelle protection le blocage wallon nous offre (offrait…)-t-il contre l’appétit de dérégulation ultra-libérale des multinationales ? Que tchi, mes camarades ! C’est la faillite des économies administrées d’une part et le blocage de la construction européenne, datant du rejet du TCE en 2005, d’autre part qui ont laissé le champ libre aux droites européennes pour transformer l’Europe en passoire commerciale sans défense et sans réciprocité, faute de projet politique commun. C’est aussi l’incapacité de la social-démocratie européenne à se repenser après la chute du mur, tétanisée qu’elle a été (est ?…) entre le « main stream » ultra-libéral, une tentation de repli protectionniste réellement réactionnaire et le déni de la concomitance entre chute du mur et chute de l’économie administrée.

De quoi le refus Wallon est-il le nom ?

D’abord du doute de l’existence de la Belgique : dans le plus régionaliste ou fédéraliste des Etats, la parole du pays sur la scène internationale et en droit, est tenue souverainement par l’état fédéral ou central. Imagine-t-on un Land allemand ou un Etat américain bloquer la signature d’un traité par la RFA ou les USA ? Est-ce cela la démocratie ? Olivier Beaud, éminent universitaire, partageant mon constat, croit que oui : cliquer ici. Moi beaucoup moins. On voit bien à l’ONU comme dans l’UE combien les droits de veto et les obligations d’unanimité sont néfastes dans l’immense majorité des cas. La démocratie, c’est une méthode de gouvernement et gouverner c’est décider. Un système qui permet à une fraction de bloquer une décision souhaitée à tort ou à raison par tous les autres, c’est la démocratie ? Bof… Ensuite de l’incapacité de l’Union Européenne à donner à son exécutif, la Commission, des mandats clairs et des règles de fonctionnement précises. J’ai lu que ce sont les Européens et pas les Canadiens, qui ont réclamé les modalités d’arbitrage contestée… Qui ne voit que la défiance à l’égard du CETA tient plus aux modalités de sa négociation et de son adoption qu’à son contenu réel ? L’Europe a bien un problème majeur de gouvernance (et là je suis d’accord avec Olivier Beaud) dont les effets co-latéraux sont dommageables : encore une fois, on fait dire à ce traité des choses qu’il ne contient pas et on lui fait porter par avance, des responsabilités qui ne sont ni ne seront les siennes, les crises agricoles notamment. Le problème européen reste entier. Mais qui peut croire qu’un repli national, surtout dans sa version étatique, serai une alternative utile à cette panne européenne ? On a beaucoup critiqué le sauvetage provisoire de l’usine Alstom de Belfort par achat de rames TGV pour qu’elles circulent sur des lignes ordinaires. J’avoue que je suis moi-même perplexe. Là encore le symbole l’emporte sur le rationnel… Mais je suis bien certain que nationaliser, c’était bien pire à Belfort comme à Florange !

Et, finalement, ce post étant rédigé sur deux jours, pour quel résultat : pschitt… Pas tellement pour Paul Magnette, qui a joué son rôle, rempli son mandat et utilisé les institutions de son pays conformément à ses convictions. Ce qu’il a obtenu ne saurait être négligé…bien que cela ne change pas une ligne du projet de traité proprement dit.

Mais c’est un échec (de plus) pour tous ceux qui ont cru (certains crient d’ailleurs à la trahison) que le CETA était fini, ce que M. Magnette a d’ailleurs toujours nié vouloir provoquer. Il sait bien, M. Magnette, qu’un traité commercial est toujours un compromis. Celui-là n’est pas enthousiasmant, la question des modalités d’arbitrage des conflits est évidemment son point faible, mais il est somme toute plus équilibré et protecteur de nos intérêts qu’on a bien voulu nous le faire croire. Il ne méritait pas la diabolisation dont il a été l’objet. Et le véto wallon n’est pas plus le sauveur de la gauche qu’Arnaud M. et ses solutions colbertistes d’un autre âge… Juste une illusion…

21 février 2016

Mon Président, j’ai un truc à te dire… III

Filed under: Allez Nantes !,Emploi — pascal @ 17 h 12 min

Comme me l’a fait fermement remarquer un twittos aujourd’hui , y a pas que Notre Dame des Landes dans la vie. Il a bien raison. Tu l’as bien compris, mon Président, toi qui a fait de la situation du chômage le juge de paix de ton éventuelle candidature à ta réélection. L’emploi, toujours l’emploi, voilà et la priorité et le casse-tête puisque qu’on n’arrive pas à améliorer la situation.
Je n’ai pas fait partie des ricaneurs affirmant que le plan de formation de 500000 chômeurs était destiné à faire opportunément sortir autant de demandeurs des statistiques. Je mesure tous les jours l’importance de la formation et le handicap rédhibitoire que constitue son insuffisance pour le public le plus éloigné de l’emploi que forment les allocataires (je n’arrive pas à dire « bénéficiaires » au vu du montant de l’allocation) du R.S.A. Même si on peut raisonnablement soupçonner une arrière-pensée de ta part (on ne prête qu’aux riches !), si la mesure est favorable, je la prends !

Le paradoxe, c’est que la situation globale est tellement mauvaise que l’amélioration indéniable de la situation du chômage des jeunes n’est même plus perceptible.

Le contrat de génération est un échec (Martine l’avait bien dit !), nos technocrates ayant réussi, comme souvent, à transformer une bonne idée en usine à gaz, à moins que ce ne soit nos parlementaires qui sont assez doués également dans leur genre.
Les emplois d’avenir, en revanche, ne marchent pas si mal, même si les employeurs potentiels sont souvent trop fragiles pour assumer réellement le degré d’accompagnement et d’encadrement des jeunes que le dispositif requiert.
La « garantie jeune » s’annonce comme une vraie réussite, à condition que nous renforcions notre capacité de relation et de mise en relation avec les entreprises. Cela montre que lorsqu’on met des moyens de suivi « rapproché » des jeunes décrochés, la dimension collective venant s’ajouter à l’accompagnement individualisé, et si on fixe comme objectif central l’intégration en entreprise, on obtient des résultats.

Mais évidemment, la balance entre emplois disponibles et population en recherche est encore défavorable.

Non aux alternatives désespérantes !

Que faire ? Si je le savais, je te le soufflerais, mon Président, ne serait-ce que parce que je n’ai pas très envie de voter pour ton Premier ministre l’an prochain et encore moins pour le nouveau héraut paradoxal de la rénovation, j’ai nommé le Maire de Bordeaux !
En développant une inévitable politique de l’offre (cf. les épisodes précédents), tu t’es mis dans la situation de répondre favorablement aux demandes du patronat en matière sociale. Je souhaite là te mettre en garde contre un face à face délétère, fausse alternative, mais vrai risque mortel pour la gauche : celui entre la droitisation inutile des postures genre Valls-Macron face aux gauchisme indécrottable genre Lieneman-Filoche. Comme si le choix n’était qu’entre la peste et le choléra ! Pas de ça Lisette !
La Politique se nourrit de symboles. Difficile d’y échapper. Mais une bonne politique publique doit se nourrir de la réalité. La réalité est bien que notre système protège plus les salariés que les emplois et sacrifie largement les chômeurs. Il suffit pour s’en convaincre de regarder l’utilisation des budgets colossaux de la Formation professionnelle : la plus grosse part est consommée par les salariés déjà les mieux formés dont la solvabilisation du développement des compétences pourrait être assurée de bien d’autre manière, tant elle est immédiatement productrice de valeur ajoutée. Les salariés peu qualifiés et les chômeurs n’en consomment que trop peu alors que leur degré de formation est vital pour l’accès, le maintien ou le retour à l’emploi. On voit donc des syndicats désespérants d’une faiblesse corrélée à leur degré de radicalisation conservatrice, elle-même corrélée au taux d’employés sous statut public composant leurs maigres troupes, se battre pour des digues contournées ou submergées depuis longtemps par le tsunami de la dérégulation. Nos structures représentatives et notre paritarisme sont hérités de l’époque des grandes entreprises industrielle nationales. Elles n’ont que trop peu évolué dans le sens de la prise ne compte de la réalité du tissus économique d’aujourd’hui, beaucoup plus éclaté, mobile et évidemment mondialisé.

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